Abonnez-vous à la chaîne

Ces objets connectés utiles pour votre santé

Objets connectes

Tensiomètre connecté, traceur de sommeil, puces intelligentes… Les objets connectés s’invitent dans notre quotidien pour améliorer notre santé. Si l’offre est immense, les professionnels de santé rechignent encore à les recommander. Alors, sont-ils fiables et efficaces ? Comment s’y retrouver ? Réponses de spécialistes.

Les objets connectés ont envahi notre quotidien et ils pourraient être utiles pour notre santé. Mais de quoi parle-t-on ? La Haute autorité de santé, instance qui évalue l’intérêt médical des dispositifs médicaux connectés, définit les objets connectés comme des « dispositifs connectés à Internet pouvant collecter, stocker, traiter et diffuser des données ou pouvant accomplir des actions spécifiques en fonction des informations reçues. »

Autrement dit, il s’agit d’objets capables de collecter des données de santé puis de les analyser grâce à une intelligence artificielle afin de pouvoir les interpréter et faciliter leur utilisation, dans l’objectif d’un meilleur suivi médical.

Hypertension : les tensiomètres connectés

L’arrivée des tensiomètres automatiques a été une révolution. Aujourd’hui, le stéthoscope a été remplacé par un brassard intelligent équipé de capteurs d’oscillations. On peut même prendre sa tension seul chez soi, sans médecin.

Certains tensiomètres sont même connectés. Selon le Pr Xavier Girerd, cardiologue à la Pitié-Salpêtrière et Président de la fondation de recherche sur l’hypertension, ceux qui utilisent la technologie Bluetooth ne sont pas encore parfaitement au point, la connexion n’étant pas toujours parfaite.

Néanmoins, il précise qu’il existe des applications pour collecter les mesures de la tension, voire pour photographier les valeurs affichées par le tensiomètre pour les mémoriser encore plus rapidement. L’utilité ? Plutôt que de noter chaque jour sa tension sur une feuille de papier, le patient dispose d’un document de synthèse directement sur son téléphone qu’il peut partager en direct lors de sa consultation, voire par mail, sans avoir à se déplacer.

En plus de l’aspect pratique, ces applications intelligentes aident le patient à interpréter ses résultats. En résumé, c’est un outil utile pour surveiller à distance la pression artérielle et améliorer le suivi des hypertendus. Et même, pour mieux dépister l’hypertension.

“Environ 30 % des hypertendus s’ignorent en France, ces tensiomètres connectés et applications peuvent aider à développer l’auto-dépistage.”

Pr Xavier Girerd, cardiologue à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP)

Attention cependant aux applications qui assurent pouvoir mesurer la tension sans brassard, en apposant simplement le doigt sur l’écran. « Elles ne sont pas fiables dans tous les cas », prévient le spécialiste.

A noter que ces tensiomètres ne sont pour l’heure par remboursés.

Diabète : les capteurs de glycémie connectés

La médecine connectée permet également d’alléger le quotidien des patients diabétiques. Et l’arrivée des capteurs de glycémie fait partie de ces innovations récentes qui ont contribué à rendre moins contraignante la vie des diabétiques sous insuline. Grâce à un capteur simplement apposé sur le bras du diabétique, fini les piqûres au bout du doigt. Pour connaître la glycémie, il suffit de le scanner avec un lecteur ou même avec son smartphone.

Mieux encore, les mesures effectuées sont stockées, ce qui permet de disposer d’un suivi de la glycémie, et même de les transmettre à son diabétologue ou à l’infirmière. Grâce à ce suivi rapproché, l’équipe médicale peut adapter les doses d’insuline quasiment en temps réel. Cette télésurveillance des patients diabétiques a montré son efficacité et est remboursée. C’est donc un réel avantage pour les patients en difficulté pour équilibrer leur diabète.

« Les patients ne sont pas gênés par ce suivi qui pourrait sembler intrusif. Bien au contraire : dans le cadre du remboursement, les données sont analysées toutes les semaines par un diabétologue, et les patients sont accompagnés dans la gestion de leur pathologie par une infirmière, sans avoir à se déplacer à l’hôpital. Ils sont mieux accompagnés et plus régulièrement. »

Gladys Gubransky, infirmière, DU éducation thérapeutique du patient, hôpital Bichât (AP-HP)

Stylo d’insuline connecté. Chez les patients qui s’injectent de l’insuline plusieurs fois par jour, il est aussi possible de plugger sur le stylo d’injection un dispositif relié à une application qui sert de carnet de suivi et peut être consulté par le patient et son équipe soignante. Là encore, c’est plus confortable pour le patient, tout en lui assurant un meilleur suivi.

Autre innovation connectée, le pancréas artificiel, « Diabeloop ». Il ne s’agit pas d’un organe de remplacement, mais d’un dispositif composé d’un capteur de glycémie relié à une pompe à insuline. Le capteur, placé au niveau de l’abdomen du patient, mesure en continu le taux de glucose sanguin et calcule la bonne dose d’insuline à administrer, comme le ferait le pancréas. Qui plus est, les données sont envoyées vers le smartphone pour être communiquées aux équipes médicales qui s’assurent du suivi du patient. Diabeloop a obtenu un marquage CE et a obtenu il y a quelques mois un avis favorable pour son remboursement par la Sécurité Sociale. Toutefois, ce remboursement ne concernera dans un premier temps qu’une minorité de patients selon des critères bien précis.

Soins dentaires : la brosse à dent connectée

Le brossage est extrêmement important pour éviter caries et pathologies des gencives et conserver ses dents en bonne santé toute sa vie. Rappelons qu’il doit être effectué deux fois par jour pendant deux minutes. Or, peu de Français respectent ces consignes, d’où l’utilité de la médecine connectée pour faciliter le brossage des dents.

« Les brosses à dents connectées -électriques ou manuelles- sont équipées de capteurs reliés au smartphone par Bluetooth afin de transmettre des informations sur la qualité du brossage. En plus de mesurer le temps de brossage, les capteurs sont capables d’identifier les zones non ou mal brossées et de les restituer sur l’application. »

Professeur Géraldine Lescaille, odontologue à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP)

Des applications pour surveiller les dents à distance sont en cours de développement. Certaines ont déjà été expérimentées et sont particulièrement utiles dans les Ephad où il n’existe pas de surveillance dentaire dédiée, alors que les personnes âgées ont besoin de soins dentaires réguliers.

Efficacité et remboursement des objets connectés

Tout d’abord il faut savoir qu’un objet connecté peut ne pas être remboursé, tout en étant efficace simplement parce que l’industriel qui l’a développé n’a pas fait de demande de remboursement auprès de la Haute autorité de Santé (HAS). En revanche, il est indispensable de vérifier que l’objet dispose bien du marquage CE, gage de fiabilité.

Quand un industriel souhaite un remboursement, il doit présenter son dispositif à la HAS, afin que cette dernière évalue son intérêt médical ainsi que son impact pour le patient et pour le professionnel de santé.

« La HAS vérifie l’efficacité de l’objet connecté. Mais aussi à la manière dont sont utilisées les données et quel impact l’objet aura en termes de qualité de vie pour le patient et pour les professionnels de santé. »

Cyril Olivier, Chef de projet du Service d’Evaluation des Dispositifs à la HAS. 

Voir l’intégralité de l’émissions PuMS « Révolution en santé : les objets connectés »