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Tous addicts ?

Damir spanic i1itj8kntui unsplash

Emission PuMS addictions

Sommes-nous tous addicts à un produit, un comportement ? C’est la question que le Professeur Boris Hansel nous pose dans ce numéro de PuMS et qu’il pose à ses invités du jour. A commencer par le Professeur Laurent Karila, addictologue et psychiatre, à Olivier Kramarz, patient expert, « toujours addict mais plus consommateur » ainsi qu’à Renaud Hantson musicien rockeur et ancien consommateur de cocaïne.

En France, quelques chiffres permettent de dresser un rapide tableau du nombre de consommateurs réguliers de produits toxiques, sans même tenir compte des addictions comportementales comme le jeu, le sexe ou les achats compulsifs :

  • Tabac : 13 millions
  • Alcool : 5 millions
  • Cannabis : 900.000
  • Autres substances : 350.000

Passer de l’usage à l‘abus

Quel mécanisme nous fait passer d’une simple pratique à une addiction, de l’usage à l’abus ? Laurent Karika explique tout d’abord que l’addiction est une véritable pathologie qui se caractérise par l’impossibilité de s’abstenir de consommer, l’installation d’une dépendance physiologique. Une dépendance que l’addictologue définit en 5 points, les « 5 C » que sont :

  • La perte de Contrôle
  • Le Craving (l’envie irrésistible de consommer)
  • L’activité Compulsive,
  • L’usage Continu malgré les Conséquences

Olivier Kramatz insiste sur la place du Craving dans l’addiction qu’il traduit dans l’esprit par « crever d’envie », c’est-à-dire une envie qui ne peut pas être surmontée sans avoir consommé.

Une définition à laquelle adhère le Professeur Karila qui précise que l’addiction s’installe, quel que soit le produit ou le comportement, lorsque l’ensemble des « 5 C » sont réunis pendant une douzaine de mois.

Mais qu’est-ce qui va faire que certains vont basculer vers l’addiction quand d’autres se limiteront à une consommation maîtrisée ? Laurent Karila estime qu’il s’agit d’abord de l’accumulation et de l’interaction de facteurs de risques. Là encore, l‘addictologue en répertorie 5 :

  • Facteurs de risques personnels
  • Neurobiologiques
  • Génétiques
  • Psychologiques
  • Environnementaux.

La trompeuse hiérarchie drogue « douce » drogue « dure »

Peut-on hiérarchiser les drogues comme on le fait souvent (drogues « douces » et drogues « dures ») ? En réalité, il faut considérer qu’il y a drogue dès lors qu’un produit ou un comportement va agir sur le cerveau et créer une dépendance. Ainsi, la puissance addictogène du tabac est très forte et ne peut être considérée comme une drogue « douce » : c’est la première cause de mort évitable dans le monde.

Grand témoin de cette édition de PuMS, le musicien hard rockeur Renaud Hantson, également auteur d’un livre consacré à son addiction, « Poudre aux yeux ». Il raconte pour nous avec lucidité son expérience douloureuse de la cocaïne, les mauvaises rencontres, les situations de vie professionnelle ou personnelle qui l’ont amené à l’addiction et son cheminement pour s’en extraire. L’une de ses chansons récentes, intitulée « 12 étapes » est d’ailleurs inspirée du programme des Narcotiques anonymes.

S’il est difficile de dégager des conseils généraux pour sortir de l’addiction ou éviter d’y entrer, les invités de l’émission se sont accordés à dire qu’accepter de demander de l’aide à d’autres constitue une première étape indispensable, celle de la prise de conscience et de la décision personnelle.