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La thyroïde : rôle, troubles, conseils

Thyroide

Hypothyroïdie, hyperthyroïdie, goitre, nodule… Ces pathologies sont liées à un dysfonctionnement de la thyroïde, une petite glande logée à la base du cou. Quels sont les symptômes de ces pathologies plus ou moins bénignes ? Peut-on les prévenir ?

La thyroïde, c’est une petite glande, en forme de papillon, située à la base du cou, juste devant la trachée. On lui prête mille maux : perte ou prise de poids, fatigue chronique, dépression, troubles sexuels, douleurs musculaires, etc. Mais comment un si petit organe peut-il être responsable d’autant de symptômes ?

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La thyroïde : un rôle central dans l’organisme

La raison est simple : la thyroïde produit des hormones thyroïdiennes, qui agissent sur un grand nombre d’organes. Elle influe donc sur de nombreuses fonctions du corps humain. Elle gère l’énergie du corps, c’est-à-dire la capacité à utiliser les nutriments apportés par l’alimentation (glucides, lipides, protides). Mais ce n’est pas tout : elle agit aussi sur le cœur, le tube digestif, les muscles… et même les cheveux ! Qui plus est, un bon fonctionnement de la thyroïde est essentiel au développement du cerveau du fœtus et de l’enfant.

Mais peut-on vivre sans thyroïde ? La réponse est Oui. « On peut même vivre tout à fait normalement, à une condition de prendre un traitement à vie pour remplacer le déficit en hormones produites par la thyroïde, affirme le Pr Jean-Pierre Riveline, endocrinologue (hôpital Lariboisière, AP-HP). Sans quoi, on peut vivre mais pas en bon état… En quelques semaines on devient très fatigué, très ralenti, on prend du poids, on devient frileux… »

Le manque d’iode, la source des troubles de la thyroïde

Les hormones thyroïdiennes sont fabriquées à partir d’un élément naturel, l’iode, que la glande thyroïde capte dans l’alimentation. Une alimentation équilibrée apporte environ 300 microgrammes d’iode par jour, ce qui est suffisant au bon fonctionnement de la thyroïde. En cas de déficit en iode, la thyroïde compense en augmentant de volume de manière à fonctionner davantage. C’est ce qui explique la survenue de goitres, lesquels pouvant évoluer vers une hypothyroïdie.

Quand le « crétin des Alpes » interrogeait la médecine
C’est devenu une insulte mais c’est d’abord un terme médical. Dans les années 1830, en France, notamment dans les Alpes françaises, on observe beaucoup de personnes de petite taille, qui présentent des troubles mentaux, des surdités et des goitres, c’est-à-dire des thyroïdes de grande taille, visibles au niveau du cou. A l’époque, on conclut qu’une hypothyroïdie profonde provoque un mauvais développement du cerveau chez l’enfant. Mais c’est seulement en 1922 que l’on comprend que cette pathologie, le crétinisme, est liée à une insuffisance en iode. L’iode est apporté par l’alimentation et il se trouve qu’en altitude et loin des mers, cet élément chimique est rare. Une supplémentation de l’alimentation en Iode permet alors d’éradiquer la maladie en France.

Hyperthyroïdie et hypothyroïdie : comment faire la différence ?

Les besoins en hormones thyroïdiennes varient d’un individu à l’autre et d’un jour à l’autre. Mais c’est une autre glande, l’hypophyse, située au niveau du cerveau, qui en régule la production en fonction de nos besoins. Hypophyse et thyroïde collaborent donc ensemble. Et c’est une hormone, la TSH, qui leur permet de communiquer. Produite par l’hypophyse, c’est elle qui donne l’ordre à la thyroïde de travailler un peu plus ou un peu moins.

Elle a ainsi pour rôle de palier les dysfonctionnements de la thyroïde :

L’hyperthyroïdie : la thyroïde s’emballe et fabrique trop d’hormones thyroïdiennes. L’hypophyse stoppe alors la sécrétion de l’hormone TSH pour freiner cette hyper-sécrétion.

« Malheureusement dans une situation pathologique, l’hypophyse n’arrive pas toujours à compenser le dysfonctionnement de la thyroïde. Apparaissent alors des signes pathologiques d’hyperthyroïdie, comme une nervosité ou un amaigrissement. »

Pr Jean-Pierre Riveline, endocrinologue, hôpital Lariboisière (Paris, AP-HP)


L’hypothyroïdie : la thyroïde est fainéante et ne fabrique pas suffisamment d’hormones thyroïdiennes. De ce fait, pour compenser, l’hypophyse augmente la sécrétion de TSH pour tenter de ramener la situation à la normale et augmenter la fabrication de ces hormones.

« Contrairement à l’hyperthyroïdie qui est diagnostiquée assez rapidement, l’hypothyroïdie est souvent asymptomatique, ce qui retarde son dépistage. Les signes (prise de poids, fatigue, ralentissement général…) apparaissent plus tardivement.

Pr Jean-Pierre Riveline, endocrinologue, hôpital Lariboisière (Paris, AP-HP)

Les nodules thyroïdiens : bénins dans 95% des cas

Les nodules thyroïdiens, ce sont des petites boules situées à l’intérieur de la thyroïde. Ils sont très fréquents et augmentent avec l’âge : une femme sur deux a des nodules après 60 ans. Dans 95% des cas ils sont bénins.

Dans 5% des cas, les nodules correspondent à des tumeurs malignes de bon pronostic, lorsque qu’elles sont petites et prises en charge précocement.

Alors comment faire la différence entre un nodule pathologique et un nodule bénin, donc ne pas opérer systématiquement les patients ?
« Pour éviter les chirurgies inutiles, on tient compte des facteurs de risque. Les irradiations médicales pendant l’enfance (cervicales ou dentaires) ou les irradiations accidentelles. Mais aussi les facteurs familiaux (présence de nodules chez d’autres membres de la famille, présence de deux cas de cancers thyroïdiens). »

Pr Laurence Leenhardt, endocrinologue, La Pitié-Salpêtrière (Paris, AP-HP).

Diagnostic : quand faire un dosage de la TSH ?

L’examen clinique est la première étape. Le médecin examine la thyroïde en plaçant ses doigts sur une zone bien particulière et en demandant à la personne de déglutir en même temps afin de faire bouger la glande. Ainsi il peut décrire sa forme et savoir si elle présente des nodules, donc si nécessaire demander des examens complémentaires.

Il faut savoir néanmoins que l’examen clinique ne suffit pas à dépister un trouble de la thyroïde. En effet, seule une prise de sang pour doser le taux en hormone TSH permet d’orienter un diagnostic.

Le problème, c’est que les symptômes ressentis par les patients étant somme toute assez peu spécifiques (fatigue, prise de poids…), le dosage de la TSH est souvent réclamé par les patients au moindre coup de fatigue ou prise de poids soudaine.

Alors, faut-il toujours incriminer la thyroïde ? La réponse est Non. Dans l’immense majorité des cas les symptômes sont sans rapport avec la thyroïde et ils disparaissent en améliorant son hygiène de vie. Seul le médecin est en mesure d’évaluer la situation en fonction de l’ensemble des symptômes, du mode de vie et des antécédents médicaux.

A savoir ! Pendant la grossesse, le dépistage sanguin de la TSH est proposé (mais non systématique) aux femmes présentant des signes cliniques évoquant une anomalie de la thyroïde (un goitre) et/ou des antécédents de maladie de la thyroïde.

Traitement de l’hypothyroïdie : l’après Levothyrox

En cas d’hypothyroïdie, la prise d’hormones thyroïdiennes de synthèse, telles que la lévothyroxine, permet de pallier le défaut de production d’hormones par la thyroïde.

En mars 2017, le laboratoire Merck commercialise une nouvelle formule du Levothyrox, sans changer la substance active (les changements effectués étant la suppression du lactose et l’ajout de l’acide citrique anhydre). Problème : les effets secondaires se multiplient – maux de tête, diarrhées, insomnies, vertiges, perte de cheveux… – chez un grand nombre de patients.

Aujourd’hui, les patients sont-ils en sécurité et bénéficient-ils des traitements nécessaires à leur prise en charge ? « La situation est désormais bien meilleure pour les patients. Ceux qui avaient ressentis des troubles et inconforts lorsque la formulation du Levothyrox a été modifiée, sont désormais bien équilibrés. Par ailleurs, le laboratoire qui produit le Levothyrox n’est plus en situation de monopole, il y a désormais plusieurs formulations disponibles pour les patients. »

Pr Laurence Leenhardt, endocrinologue, La Pitié-Salpêtrière (Paris, AP-HP).

Apports en iode : les aliments à privilégier

Est-il possible de prendre soin de sa thyroïde au quotidien et, en somme, de l’aider à fonctionner correctement ? La réponse est Oui. Et pour cela, il faut veiller aux apports alimentaires en iode, à raison de 300 µg d’Iode /jour, tout en évitant les excès d’apport (à partir de 600 µg/jour).

Quels aliments en contiennent le plus ?

  • Le sel marin iodé est l’aliment le plus riche en iode, par exemple dans les 5g de sel utilisé pour faire la cuisine on trouve un tiers des apports recommandés par jour (1860 µg /100g)
  • Les poissons comme le thon, le maquereau, la morue, le cabillaud qui contiennent 150 µg /100g
  • Les crevettes : 34 µg/100 g
  • Le jaune d’œuf (192 µg /100 g)
  • Le yaourt nature (75 µg/100 g), le lait et les fromages, notamment le fromage de chèvre (30 µg/100 g).
  • Les fraises (13 µg d’iode/100 g)

A savoir ! l’Anses déconseille la consommation d’algues et de compléments alimentaires à base d’algues aux femmes enceintes. En effet, un apport excessif et régulier en iode peut entraîner des dysfonctionnements de la thyroïde.